“Surpoids, normes et jugements en matière de poids : comparaisons européennes”, tel est le thème de Population et Sociétés, le bulletin mensuel de l’INED (Institut National d’Etudes Démographiques).

Le sociologue Thibaut de Saint Pol analyse les données de corpulence moyenne en Europe et compare cette corpulence objective avec le poids “idéal” déclaré par les Européens. Il en résulte un écart qui traduit le jugement des uns et des autres sur leur poids, jugement qui ne va toujours dans le même sens… 45% des Européens se déclarent insatisfaits de leur poids : 40% se trouvent trop gros et 5% trop maigres. D’après leur IMC, hommes et femmes confondus, les Français, suivis des Italiens, des Autrichiens et des Allemands, sont les plus nombreux à être en sous-poids (IMC 30).

Les femmes en général sont plus nombreuses que les hommes à être insatisfaites de leur poids. Et les Françaises s’illustrent par le fait qu’elles sont à la fois les femmes les plus minces d’Europe et les plus nombreuses à souhaiter être encore plus minces ! “Les femmes françaises jugeant leur poids trop faible sont deux fois moins nombreuses que celles effectivement en sous-poids”, selon le chercheur. Autrement dit, sur 10 femmes en sous-poids, seulement 5 se considèrent comme telles, les autres se considérant d’un poids normal. C’est l’inverse au Portugal, en Espagne et au Royaume-Uni, où il y a plus de femmes qui se jugent en sous-poids que de femmes qui le sont vraiment.

Cette analyse est issue des données de l’Eurobaromètre 59.0 qui ont été recueillies entre le 18 mars et le 30 avril 2003 et qui portent sur un échantillon de 16 300 citoyens des 15 pays membres de l’Union Européenne âgés de 15 ans et plus. Rappelons que l’IMC – ou Indice de Masse Corporelle – exprime le rapport du poids rapporté à la taille et se calcule en divisant le poids en kilos par la taille au carré.

IMC = Poids (kg) / Taille² (m)

L’analyse par Thibaut de Saint Pol des données de l’Eurobaromètre 2003 sont confirmés par les résultats d’une enquête Ocha/CSA sur “Le mincir, le grossir, le rester mince. Rapport au corps et au poids des femmes françaises et pratiques de restriction alimentaire” pilotée par Estelle Masson (Université de Brest) et publié dans “Corps de Femmes sous influence” dans le N° 10 des Cahiers de l’Ocha en 2005. Il en ressort que 61% des femmes déclarent un rapport poids/taille qui correspond à un IMC normal et pourtant 65% d’entre elles souhaitaient peser moins. Une femme sur deux était une habituée des régimes, le plus préoccupant – car on sait que les régimes finissent par faire grossir – étant que les femmes commencent à faire des régimes de plus en plus tôt. Entre 18 et 24 ans, 48% des femmes ont fait déjà un régime. Et à 24 ans, ces jeunes femmes ont déjà fait plus de la moitié des régimes faits par les femmes âgées de 50 à 65 ans au moment de l’enquête…

Pour en savoir plus

Lire le dossier d’information “Corps de femmes sous influence”

Lire l’intégralité du N°10 des Cahiers de l’Ocha “Corps de Femmes sous Influence”, Questionner les normes, dont le texte d’Estelle Masson

Lire la Publication de l’Ined, Population et sociétés