Texte
Le lait des Peuls – Entre les pasteurs Peuls et leurs vaches : une “parenté de lait”
Tel un œnologue, l’initié peul sait dire en buvant du lait qu’il vient de telle vache qui a vêlé à tel moment, de telle autre qui a telle robe ou dont la place est située à tel endroit du parc, ou de telle autre vache encore qui a brouté telle herbe… Au delà du goût du lait, pour les éleveurs peuls, les vaches sont au cœur des valeurs qui organisent matériellement et symboliquement leur société, comme c’est le cas d’autres sociétés pastorales d’Afrique orientale. Ainsi, des quatre trayons de la vache, le lait du premier est destiné au veau, le lait du second à la maison, le lait du troisième aux parents, le lait du quatrième aux hôtes de passage.
Posant en continuité lait humain et lait animal, “les Peuls organisent leur troupeau à leur image”, comme le résume bien la formule de Marguerite Dupire. Ce qu’illustre également ce proverbe de leurs voisins Bambaras qui sont des agriculteurs et non des éleveurs : “Si tu as vu un Peul mais que tu dis que tu n’as pas vu son double, c’est que tu n’as pas vu un Peul.” Les Peuls sont perçus et se vivent comme les frères jumeaux de la vache, liés par une parenté de lait qui remonte aux mythes de leurs origines. Sada Mamadou Ba, ethnologue, nous en fait le récit et nous montre à quel point cette parenté de lait constitue un fil privilégié pour la lecture de l’ordre social de la Pulaku qui organise, chez les humains comme chez les bovins, aussi bien les tâches et les fonctions au quotidien que les rapports entre les sexes, les catégories d’âge et les statuts…
Lire le Texte exclusif de Sada-Mamadou Ba : Le lait des Peuls
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