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Animal, végétal, végétarisme

Scénarii d’avenir : les omnivores deviendront-ils herbivores ?

Publié le 11/05/2007

Si quelques sociétés sont devenues végétariennes sous l’influence de divers courants philosophiques et religieux, toutes consomment des produits animaux, qu’il s’agisse de poisson ou de produits laitiers, d’œufs ou d’insectes… «Imaginer une alimentation sans produits animaux est possible, les végétaliens le savent bien, constate Annie Hubert, anthropologue et directeur de recherche au CNRS, mais ce qu’on omet de dire c’est que le temps et les calculs nécessaires pour arriver à un équilibre nutritionnel acceptable sont assez considérables. On peut le comprendre idéologiquement, mais on peut se demander aussi quel mal il y a à traire une vache, manger un œuf ou se faire une tartine de beurre, ajoute-t-elle, il faut se demander aussi si une telle politique serait applicable à tous. »

Annie Hubert* envisage plusieurs scénarios, tous culturellement possibles : des omnivores devenus herbivores (seront-ils plus minces ? en meilleure santé ? la question reste ouverte…) ; des omnivores consommant moins de viande mais provenant d’animaux « heureux » ; ou, plus probable, un monde à deux vitesses : d’un côté, des riches, de plus en plus méfiants envers la nourriture, végétariens par prudence, vivant dans des milieux tellement purifiés, stérilisés et ultra-propres qu’ils auront du mal à voyager sans emporter leurs propres aliments, une sorte de cacherout laïque en quelque sorte, les menus de chacun ayant été calculés par la nutrigénomique ; de l’autre côté, des pauvres qui auront moins d’eau, moins de terre, moins de tout et pour qui les produits animaux seront un luxe désiré, désirable et le plus souvent inaccessible. Un scénario dans lequel, côté cuisine, gourmandise et convivialité, nos descendants seraient certainement moins heureux que leurs animaux….

* “Les omnivores deviendront-ils omnivores”, par Annie Hubert, in Les Cahiers de l’Ocha n°12 “L’homme, le mangeur et l’animal. Qui nourrit l’autre ?”